Le fils du désert

Le fils du désert

Une amitié tunisienne improbable

Cette journée de mai 2020 aurait dû sceller une amitié improbable entre Ludovic et Mouldi.
Les deux chirurgiens n’arriveront jamais sur le Bassin d’Arcachon. Leur automobile s’éprend subitement de passion pour un pin de la forêt landaise. Ils sont alors transportés dans une EMI, une expérience de mort imminente, un état relaté par certains patients rarement pris au sérieux à l’écoute de leurs récits. Ils auraient touché la frontière entre la vie et la mort et voyageraient aux portes de l’au-delà.
Le film de la vie de chacun des deux chirurgiens se déroule devant eux, en dialogue permanent avec Conscience, leur conscience qui, au cours de cet état irréel, prend forme.
Une rencontre imprévue, au milieu de nulle part, dans le désert du Sahara sera le déclic pour la réalisation de leur projet insensé, un profond désir de réussite à la limite de la légalité, en opposition avec leurs règles de vie habituelles. « Sable et Soleil » voit le jour …
À Bordeaux, la commissaire Esparre et son équipe essaient de comprendre…
C’est l’histoire d’une amitié profonde entre deux personnalités que tout oppose.
Mais cette amitié survivra-t-elle ?
L’auteur mélange sans limite, des faits réels, souvent autobiographiques, et une fiction libératrice.

L’esprit de Ludo plane au-dessus de son corps. Il voit ses deux amis réanimateurs très inquiets et ne peut s’empêcher de les railler. Il interpelle Michel en vain.

–Ne t’inquiète pas pour nous, nous sommes très bien dans notre situation actuelle. Nous voyons tout, nous entendons. Permets-moi de te dire que ta spécialité de réanimation est une spécialité de sadiques. Tu sembles prendre plaisir à piquer les gens de toutes parts, pour leur mettre ici une perfusion, ici une sonde urinaire, là une sonde respiratoire. Contrairement à moi tu ne fais pas d’anesthésie. C’est vraiment du sadisme, le mot n’est pas trop fort. Mais actuellement je ne sens rien, donc ça ne me gêne pas.
Qu’en penses-tu Mouldi ? Elle est particulière cette spécialité ? Faire souffrir les gens en permanence…
–Tu exagères quand même un peu. Tu oublies qu’ils ne font pas ça pour le plaisir mais qu’ils le font par nécessité. Si un jour nous réintégrons notre corps, si nous revenons sur terre ce sera grâce à eux, les réanimateurs. Je souhaite qu’ils continuent le plus longtemps possible à s’occuper de nous, à martyriser nos corps avec cette même efficacité.
–En fait tu as raison, mais c’était pour l’énerver un peu.
–Tu perds ton temps, il ne t’entend pas.
–Oui, mais ça me fait plaisir de le lui dire. Peut-être mes propos s’enregistreront ils dans leurs subconscients. Un jour ils les entendront sous couvert de ce que les terriens appellent des rêves. Pour moi, un rêve est loin d’être dépourvu de sens. Il est toujours initié par une situation particulière, par des circonstances exceptionnelles…par quelque chose…

Peu de temps après l’accident, Ludo croit se réveiller. Statique, il contemple le spectacle de l’agitation autour de lui. Une impression particulière de survol au-dessus de la scène, bloqué sur un arbre à une hauteur maximum de deux mètres. Il voit tous les médecins du SAMU s’activer, mais étrangement il ne se sent pas concerné par ce chahut. Celui-là, le grand avec sa blouse ouverte se penche sur lui. Immédiatement il commence un massage cardiaque. Adepte probable de la musculation, il ne calcule pas sa force. Il appuie à cadence rapide sur son thorax comme s’il souhaitait lui défoncer définitivement la cage thoracique. Ludo ne souffre pas, il ne sent rien. Ce corps étendu, plus bas, ne l’intéresse plus pour l’instant.